La violence institutionnelle, on en parle ?

Entre les murs d’un hôpital, d’un CPAS, d’une école ou d’un service social, il se joue parfois (il est plus diplomatique de dire « parfois » au lieu de « souvent ») une forme de violence qui ne se perçoit qu’en prenant le temps d’y observer les dynamiques relationnelles et le cadre.
Non, je ne vous parle pas de cris, ni de coups…
Je vous parle de procédures, de délais, de formulaires, de “il faut attendre votre tour” ou “je n’ai pas le pouvoir de décider”.
C’est ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait « la violence symbolique ».
C’est une violence invisible et silencieuse, qui s’exerce quand un système impose ses règles à ceux qui n’ont pas les moyens de les contester.
Pour le psychiatre Christophe Dejours, quand les travailleurs du social ou du soin sont soumis à des contraintes absurdes, à des objectifs chiffrés ou à une charge émotionnelle constante, ils finissent (oui je sais, pas tout le monde, pas tout le temps) par faire subir à d’autres ce qu’ils subissent eux-mêmes du système.
Bien-sûr il y a d’abord une résistance, mais quand vient l’épuisement, c’est là que se crée le « cercle de la violence » :
🤬 le bénéficiaire se sent humilié, incompris ou rejeté…
😳 le travailleur se sent impuissant, critiqué, dévalorisé…
Chacun se protège et la relation devient tendue et défensive.
… Et puis la violence invisible devient bien visible (agressions physiques, verbales, prises d’otages,…)
Hannah Arendt disait que la violence naît souvent là où le pouvoir échoue. Oui, quand les institutions ne parviennent plus à faire sens, la contrainte remplace la confiance.
Que faire pour ne pas sombrer dans le cercle de la violence ?
➡️ reconnaître la part systémique de la violence,
➡️se rappeler que derrière chaque dossier, il y a une histoire,
➡️et que derrière chaque agent, un être humain fait comme il peut.
Redonnons à la relation d’aide sa dimension profondément humaine.

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